Ephésiens 4 V 1 :
« Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d’une manière digne de la vocation qui vous a été adressée »
Dieu adresse t’il des vocations aux femmes, lesquelles et comment le fait il ?
J’ai interrogé quelques sœurs dans le ministère que je côtoie notamment dans ma recherche action autour de la coopération dans l’église.
Persuadées de leur appel, elles se sont, au fil des années, soumises elles-mêmes à de nombreuses réinterrogations profondes, au vu du traitement d’aller-retour et d’encouragement/découragement, voir d’indifférence auxquelles elles ont été confrontées. Mais l’appel est resté, il s’est enraciné, il ne demande aujourd’hui qu’à être exercé dans un endroit propice, que Dieu a déjà préparé.
Marcher d’une manière digne de notre vocation veut-il dire exercer son don au-delà du genre ?
Le verset 4 de ce même chapitre nousindique qu’Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi nous avons été appelés à une seule espérance par votre vocation. Les femmes sont-elles partie du corps ? Si oui, comment doivent elles marcher d’une manière digne de leur vocation ?
Autant de questions dérangeantes dont la réponse est si logique.
Alors pourquoi cultive t’on le flou autour de cette question dans certains milieux ?
Quand on parle de femmes, on parle parfois de soumission. Prenons alors le verset d’Ephésiens 5 v 21 qui nous demande de nous soumettre les uns aux autres.
Car à chacun de nous la grâce a été donné selon la mesure du don de Christ.
La question que je voudrais poser est : quelle est la mesure du don de Christ ? Peut-on la mesurer ? Qui peut la mesurer ?
C’est en effet parce que le don de la grâce de Dieu est infinie que nous nous soumettons les uns aux autres, parce que c’est par sa grâce que nous comprenons que nous ne sommes rien, rien sans lui. Et sa grâce nous invite à faire grâce et à considérer l’autre, peu importe son sexe, comme supérieur à nous.
Cette logique nous demande instamment de clarifier la question de la place de la femme dans l’église. Car nombreux sont les endroits, où le flou, la non-définition de ce qu’on est prêt à vivre et à ne pas vivre en église au niveau de la reconnaissance des dons et exercice des dons des femmes, qui ont blessé nos sœurs.
Nous les invitons à prendre leur place, et au moment où elles commencent à s’y asseoir, on enlève la chaise.
Nous commençons à nous pencher sur le sujet mais nous n’allons jamais au bout.
Nous utilisons bien sûr les apports bibliques. Eventuellement le discernement communautaire selon des dénominations. Mais nous savons qu’une parole de la Bible peut faire loi ou évangile selon l’intention avec laquelle on la transmet.
Au final, avec une série d’enseignements théologiques sur le sujet qui se tiennent tous avouons-le, nous avons autant de pours que de de contre et on va donc y ajouter nos peurs, nos représentations, nos héritages, notre histoire, et un peu de sucre en poudre…
Pour finir, avec tous ses ingrédients par cultiver le flou.
La question que j’aimerai poser alors : à qui se soumet-on en cultivant le flou ?
Certainement pas les uns aux autres. On se soumet à nos peurs.
Depuis que je fais mes interviews dans le cadre de mon ouvrage sur la coopération dans l’église locale, je me rends compte que le verset « soumettez-vous les uns aux autres » n’est pas vécu.
C’est le soumettez-vous à celui qui parle le plus fort, à l’empêcheur de tourner en rond, à celui qui va créer des alliances, être dans le contre-pouvoir, se lever pour sortir de l’église dans une femme parle …. C’est à celui-là que l’on se soumet.
C’est le soumettez-vous à vos peurs (de la division, du conflit, des désaccords, voire même du débat) qui prime.
En plus de tout cela, Paul nous demande au verset 3 de nous efforcer de conserver l’unité de l’esprit par le lien de la paix.
Ce verset-là, nous nous le représentons d’une mauvaise façon : nous croyons que nous devons tous penser la même chose, l’unité est confondue avec l’uniformité, et la culture du conflit ou du débat constructif n’existe pas ou peu, et quand ils sont mis en œuvre, sans cadre de sécurité, et sans processus de prise de décision, ils vont entrainer blessures et ruptures.
Nous devons bien sûr nous efforcer (et cela veut dire que çà ne va pas de soi) de conserver la paix, mais pas n’importe comment : en toute humilité et douceur, avec patience, vous supportant les uns les autres avec charité,
Cette humilité implique aussi que les femmes ne prennent pas le pouvoir par la force car elles auraient un caractère dominant.
Ni effectivement qu’elle se laissent dominer car elles sont de nature plus en retrait.
La patience évoquée ici nous invite au dialogue constructif, et un dialogue constructif oui cela prend du temps.
Mais avons-nous encore le temps de dialoguer, de nous soumettre nos questionnements réciproques, nos doutes, nos compréhensions et nos incompréhensions dans l’Eglise ?
Pour beaucoup de sujets relatifs à la vie de l’église, cette réponse de la coopération et des outils qui vont avec me sont apparu comme pleinement pertinents. Ce qui explique aussi l’engouement que les responsables de ministères ont eu pour la recherche action sur la coopération.
Parce qu’on s’engage dans ce projet à se poser, à discuter, à clarifier et à écouter.
Pour aller plus loin, certaines églises ont choisi aujourd’hui, pour appliquer le principe biblique de la soumission mutuelle de pratiquer des principes de gouvernances partagés, issus notamment de la sociocratie pour leur fonctionnement et leurs prises de décisions.
Un des principes sociocratique est en effet que tous les composants sont indispensables au bon fonctionnement de l’ensemble.
Elle reprend à la fois les principes de la soumission mutuelle, du corps et du sacerdoce universel.
Ces 3 principes sont que :
Chaque membre dispose d’un pouvoir équivalent basé sur le libre consentement. Il n’y a donc pas de domination les uns sur les autres.
La vision collective s’appuie sur Dieu, Saint Esprit et Sa Parole, qui guide les membres de l’organisation.
L’information doit être disponible, transparente et circuler entre les membres, les missions et objectifs de l’église doivent être clairs pour tou.te.s.
Sans clarifications, pas de décision possible en sociocratie.
Alors prêt à vivre le défi de la soumission mutuelle ?