
Toute-puissance en Église : manifestations, conséquences et solutions. Podcast ETG/MCC
Définition : La toute-puissance humaine se caractérise par un positionnement de vérité absolue (« Je sais et j’ai raison »), l’imposition des idées et des règles, une présence excessive dans l’Église (don de temps important, occupation de l’espace), et une volonté de se montrer partout. Elle se manifeste par l’omniscience, l’omniprésence et l’omnipotence. Ces comportements, lorsqu’ils deviennent chroniques et pathologiques, sont extrêmement autoritaires et destructeurs. Exemples de manifestations : Imposer ses idées et ses règles, monopoliser la parole, empêcher les autres de s’exprimer, être dans le déni de ses propres actions et refuser qu’on en parle. Accuser les autres en utilisant des ouvrages traitant de la toute-puissance pour les discréditer….
Contexte ecclésial : L’Église, de par son accueil inconditionnel et sa confiance a priori, offre un terreau fertile à l’installation et au développement de la toute-puissance. La difficulté à aborder ce sujet et le déni qui l’entoure contribuent à son renforcement. Les communautés ne s’en aperçoivent souvent que tardivement.
Conséquences : La toute-puissance humaine a des effets destructeurs sur les individus et les communautés. Elle engendre des souffrances considérables, de l’épuisement (burn-out), de la démotivation (brown-out), et un climat paroissial délétère. La toute-puissance nuit au climat paroissial et au fonctionnement global de l’Église, elle entrave le travail collectif, la coopération et le partage de la gouvernance, favorisant l’individualisme et la souffrance silencieuse.
Difficulté de repérage et d’intervention : L’absence de cadre clair, la confiance a priori accordée aux membres et la nature insidieuse de ces comportements rendent leur identification tardive. La réticence des Églises à reconnaître et à gérer ces situations complexifie les interventions est également un frein à la prise en charge.
Difficultés de prise en charge : L’Église rencontre des difficultés à appréhender ce phénomène, notamment en raison du déni, de la difficulté à en parler, et d’un sentiment d’impuissance. Un amalgame entre conflit et violence est également présent. Les Églises préfèrent souvent se concentrer sur la gestion des conflits, perçus comme moins destructeurs, plutôt que de prévenir la toute-puissance. Un manque de formation est identifié comme un facteur contribuant à la difficulté de gérer la toute-puissance en Église.
Facteurs aggravants : Le silence et le non-dit, tant de la part de la personne en toute-puissance que de la communauté, renforcent le phénomène. L’individualisme et le manque de coopération au sein des églises constituent un terreau favorable. On observe une difficulté d’accompagnement face à des Églises non traitantes : en effet, l’accompagnement des victimes est complexifié lorsque les Églises elles-mêmes ne reconnaissent pas ou n’entendent pas leur souffrance.
Actions à entreprendre
Former et prévenir : Créer un module de formation pour les pasteurs et les membres élus des conseils, incluant le repérage, l’analyse et les réponses à apporter. La formation devrait également aborder la coopération et le travail en équipe pour contrer l’individualisme.
Accompagnement des victimes et des auteurs : Un accompagnement individualisé des victimes, des auteurs et des témoins est essentiel. Utiliser des prières adaptées pour soutenir les victimes, contenir les agresseurs et permettre aux témoins de s’exprimer indirectement. Le travail en équipe est crucial pour l’accompagnement des victimes de la toute-puissance, en raison de la lourdeur émotionnelle de ce travail.
Développement d’outils : Utiliser des outils existants pour repérer les faits et leurs effets (tests qualitatifs de burn-out, sondages anonymes pour évaluer le climat paroissial). Un livre-ressource est en cours de réalisation par un collectif de pasteurs, thérapeutes et formateurs.
Développer une culture de la coopération : La coopération est présentée comme une réponse clé à la toute-puissance, notamment pour contrer l’individualisme souvent observé dans les Églises. Il s’agit depromouvoir le travail collectif et le partage de la gouvernance pour contrer les comportements individualistes..
Utilisation de la prière et de la liturgie : La prière et la liturgie peuvent être des outils de réponse aux situations de toute-puissance en Église. L’utilisation de prières adaptées à la situation spécifique d’une église peut être un moyen efficace d’aborder la question de la toute-puissance sans recourir à l’accusation directe. Cela permet aux victimes de se sentir soutenues, aux personnes en position de toute-puissance de prendre conscience de la situation, et aux témoins de se sentir impliqués dans la résolution du problème. Explorer la possibilité d’écrire et d’intégrer des prières spécifiques dans la liturgie pour aborder les situations de toute-puissance et promouvoir un climat de respect et d’écoute au sein de l’église.
Promouvoir une culture de responsabilisation plutôt que d’accusation face aux comportements de toute-puissance.