Nos paroisses sont aujourd’hui en déclin. Seul le modèle entrepreneurial visible et moderne semble encore attirer une certaine population.
D’autres croyants en quête de sens mais aussi de sobriété, sensibles aux questions de justice sociale et écologiques, avides d’une vie communautaire de proximité, ancrés dans leur territoire de vie et motivés pour participer dans tous les domaines de la vie de l’église avec leurs dons et leurs compétences semblent peiner à trouver une organisation souple et moins codifiée.
Faire appel au modèle Z pour déployer une démarche de gouvernance partagée dans l’Église semble extrêmement pertinent pour tous ceux qui souhaitent coopérer pour répondre ensemble à la mission de l’église.
Pour que nos églises durent et restent dynamiques, efficientes dans leur mission et épanouissantes pour leurs membres, il nous semble important de tenir compte de 5 espaces, représentés sur la carte ci-dessous :
1- L’espace SENS : pour avoir une vision commune et des valeurs partagée.
2- L’espace RÊVE : pour savoir où l’on va en posant nos priorités.
3- L’espace PLAN : pour poser une structure claire, intégrant les règles et à la répartition des tâches.
4- L’espace ACTION : pour communiquer de façon efficiente et fluidifier le suivi des tâches et la synchronisation.
5- L’espace CÉLÉBRATION : pour prendre soin des relations humaines et pour valoriser les succès comme les échecs.
1. L’espace SENS : Ajuster la raison d’être et le cadre éthique
Cette première étape correspond à la co-construction de la vision d’église, préalable pour permettre aux membres de saisir son identité, ses cibles et son état d’esprit et vivre un premier pas concret d’ancrage de la culture de la coopération dans l’église
Faute de vision le peuple périt (est chaotique, incontrôlable) Pr29 v 18
Élargis l’espace de sa tente ; Qu’on déploie les couvertures de ta demeure : Ne retiens pas ! Allonge tes cordages, et affermis tes pieux ! Car tu te répandras à droite et à gauche Es 54 v 2-3
La Bible nous démontre l’importance de la vision et de sa transmission :
Il faut une vision pour ne pas mourir et il faut une vision pour voir plus large que nos moyens et possiblités actuels
C’est un travail riche car il nous amène à visiter différents domaines de l’église, à revisiter l’histoire, à travailler ensemble sur l’identité et sur les perspectives.
A partir de la mission transmise par Jésus pour son église (par exemple Mat22 v 37-40 + Mat 28 v 18-20), nous nous demandons quelles sont les cibles que nous identifions spontanément (catégorie de population) et les grandes actions à mener (verbes d’actions) avec quelles attitudes de cœur ?
Le processus propose de mobiliser la sagesse collective en mettant en lumière les préférences du groupe et termine par une décision la plus inspirante possible pour chacun.
De même la démarche de la raison d’être du projet dans le modèle Z nous invite à travailler par une articulation entre l’individuel et le collectif l’identité collective, l’intention, la mission, les bénéficiaires et les bénéfices.
La deuxième étape consiste à s’ajuster sur les valeurs et principes et pour cela le modèle Z propose une méthode alternant des apports individuels regroupés des affinées et un processus de décision permettant à chacun de participer et d’adhérer. Ainsi pourra naître un projet inspirant et source de motivation
2. L’espace RÊVE : Définir et planifier les priorités
En Église on parle de plus en plus de plan d’action, et souvent ce plan d’action fait peur. Cette liste effraie car elle peut être longue et déployée sur des registres très différents. Les accompagnateurs d’église remarquent d’ailleurs que les actions définies lors d’un travail commun peinent à être mises en œuvre et que de nombreuses « excuses » finissent par être trouvées pour ne pas y aller.
« L’homme forme de nombreux projets, mais c’est le dessein de l’Éternel qui s’accomplit ». Pr 19 v 21
Et même si c’est la volonté de Dieu qui s’accomplit finalement selon son grand projet qui prend en compte une globalité qui nous échappe, il est tout de même bon de former des projets, car c’est ainsi que nous pourrons développer des interactions nourrissantes, et vivre des occasions de grandir.
La réunion d’orientation proposée par le modèle Z permet de définir ensemble les priorités pour les prochains mois dans le but de générer un maximum d’engagement et de canaliser les motivations sur des objectifs communs. Le modèle proposé nous indique comment faire émerger un cap à tenir, 3 à 6 objectifs prioritaires et un ou plusieurs points de vigilance. Il nous permet de percevoir et mobiliser les sources de motivation des participants, les émergences, les résonances, les potentiels de synergie, d’amener les anciens dans les dynamiques et d’inclure les nouveaux. Ce processus nous permet également d’associer les préférences d’approche des personnes dans le sens où nous allons aborder le sujet sous différents angles : rationnel, synthétique, structurant, créatif, orienté vers les émotions agréables ou désagréables, intuitifs
3. L’espace PLAN : Une structure d’organisation claire et pertinente
Dans l’église on observe couramment un cumul de rôles sur le pasteur. Celui-ci se retrouve, enseignant, psychologue, bricoleur, animateur, chargé de com et bien d’autres tâches qui sont à l’origine d’un grand nombre de syndromes d’épuisement professionnel dans ce milieu.
Un système paradoxal est entretenu ou les membres se retrouvent régulièrement à être taxés de consommateurs ou de « chauffeurs de chaises » alors même qu’un certain nombre souhaiteraient participer et ne savent pas comment.
Car, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n’ont pas la même fonction, ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres. Romains 12 v 4-5
La Bible partage très souvent l’image d’un corps ou chaque membre est indispensable et complémentaire de l’autre.
Le modèle Z nous propose d’ajuster le règlement et la structure en cercles et rôles afin de libérer le potentiel d’autonomie de chaque membre. Les différents rôles opérationnels sont listés et répartis, ils ont tous une raison d’être, des attendus et un champ d’autorité bien défini. Les tâches sont toutes interdépendantes et on assiste à une différenciation d’implication sur une tâche en fonction des compétences et de la motivation.
Elles sont ensuite organisées par cercle autonomes reliées par un représentant à un autre cercle thématique. Ainsi tout le système se coordonne de lui-même
4. L’espace ACTION : Se synchroniser et libérer les freins à l’action.
On connait dans nos Églises aussi comme à plusieurs endroits, ces réunions interminables où on ne sait plus vraiment ce qu’on a décidé et qui va faire quoi, ces réunions où on découvre ce qui a déjà été décidé, où l’on ose se positionner par peur de passer pour un casse pieds, où l’on fait et pense à autre chose en même temps car on ne ne sent pas concerné. Il y a des choses à trancher et à décider, cela fait des années qu’on en parle mais une décision claire n’est jamais prise. D’ailleurs on ne sait pas qui doit la prendre….
Les projets échouent, faute d’une assemblée qui délibère; Mais ils réussissent quand il y a de nombreux conseillers Pr 15 v 22. Il est préconisé ici que le fait de pouvoir décider à plusieurs est un gage de réussite.
Le modèle Z propose des réunions organisationnelles qui permettent de par leur préparation et structure de lever les tensions qui empêchent les membres de l’organisation d’avancer vers la raison d’être. Ces réunions permettent à chacun de disposer des informations nécessaires pour pouvoir agir et s’ajuster envers les autres, de donner son avis, de proposer, de demander et de créer une rencontre dédiée à un sujet spécifique qui ne concerne pas tout le monde. Le temps de réunion est réduit, on ne digresse pas, les décisions sont consignées de suite, validées, et rendues accessibles.
5. L’espace CÉLÉBRATION : Conscientiser les apprentissages et valoriser les membres
De plus en plus de responsables d’église prennent conscience de la nécessite de valoriser les membres, qui souvent font un travail récurrent, parfois invisible et qui n’est pas toujours source d’épanouissement. Mais trop souvent encore, les choses se font de manière collective avec peu d’individualisation, ritualisées, autour d’un barbecue de fin d’année par exemple. De plus, lorsqu’un bénévole arrive dans un rôle, il n’y a pas forcément de processus d’inclusion, et quand il souhaiterait arrêter et/ou passer à une autre tâche, parfois il ne se sent pas légitime de le faire car rien n’a vraiment été défini, ni fin de mandat, ni feed-back régulier.
Paul, et Silvain, et Timothée, à l’Église des Thessaloniciens, qui est en Dieu le Père et en Jésus Christ le Seigneur : que la grâce et la paix vous soient données ! Nous disons continuellement à Dieu toute notre reconnaissance, faisant mention de vous dans nos prières, nous rappelant sans cesse l’œuvre de votre foi, le travail de votre amour et la fermeté de votre espérance en notre Seigneur Jésus Christ, devant Dieu notre Père. 1 Thess 1 v 1 à 3.
L’apôtre Paul tout au long de ces épitres célèbre la qualité du temps passé avec ses frères et sœurs des différentes églises, valorise les avancées de chacun, pratique le feed-back, encourage, nomme les partenaires et collaborateurs.
Pour une motivation et une qualité de relation entretenue, rien de tel que de conscientiser les apprentissages par un accompagnement individualisé, par un bilan d’étape dans lequel on exprime des signes de reconnaissance et on identifie des pistes d’amélioration. La méthode Z nous aide à percevoir les prochains pas potentiels sur son chemin de service. Le cadre relationnel installé de manière participative dès le démarrage permet d’équilibrer sécurité et liberté, efficience et qualité relationnelle. Les permissions et protections de ce cadre partagé renforcent la confiance entre les membres, permet aux personnes introverties d’avoir suffisamment de place et aux personnes extraverties de ne pas en prendre trop. Il soutient la pro-activité et le potentiel créatif.
Voici une posture et des outils bien cohérents pour coopérer vraiment et de manière durable dans nos organisations écclésiales, tout en permettant l’exercice de nos dons dans l’unité pour répondre de manière congruente à la mission de l’Église.