Voici un extrait de la prière sacerdotale de Jésus, dans laquelle Il consacre ses disciples d’hier et d’aujourd’hui.
Cette prière nous donne un aperçu de Son intention collaborative et de Ses espoirs pour le monde.
Elle nous montre aussi de quelle manière Il coopère avec Dieu en nous demandant de faire de même avec Lui.
18 Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde.
19 Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité.
20 Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole,
21 afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé.
Quelles conditions pour être une communauté envoyée ?
Dans quelle mesure la communauté entière, corps du Christ s’inscrit elle dans cette mission ?
18 Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde.
Tout comme Jésus a été envoyé par Dieu en mission dans le monde, Jésus nous envoie nous aussi en mission dans le monde.
Ce chapitre est connu pour son emphase sur l’unité, donc je pense là que Jésus ne s’adresse pas uniquement aux individus.
La communauté ecclésiale est envoyée. C’est une communauté en diaspora, dans la dispersion dont le but est de témoigner du Christ dans ce « monde sans Dieu ».
La communauté ne vit pas pour elle-même, elle vit pour témoigner à l’extérieur de ses murs.
Il y a donc un équilibre à trouver entre le repos offert par la communauté et l’état de base du chrétien, en diaspora.
La communauté n’est jamais une fin en soi, sinon elle court le risque mortel de tourner sur elle-même.
De même un engagement extérieur sans être nourri intérieurement court parfois le risque d’être infidèle à la Parole et/ou éphémère.
19 Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité.
Jésus veut dire par là qu’il veut coopérer à l’œuvre de sanctification du Père qu’il accomplit en lui.
Il est décidé à se consacrer au service exclusif du Père. Et par là même il nous consacre à notre tour, pour être au service de la vérité. .
C’est Jésus reste le garant de la vérité. Sans lui aucune possibilité de trouver, de vivre et de transmettre la vérité.
Les conséquences de la chute font que depuis ce jour, nous naissons morts spirituellement, c’est-à-dire déconnectés de Dieu.
Eph 2 v 1 : Vous étiez morts par vos offenses et par vos péchés.
Paul décrit les descendants d’Adam comme ceci en Eph 4 v 18 : Ils ont l’intelligence obscurcie, ils sont étrangers à la vie de Dieu, à cause de l’ignorance qui est en eux, à cause de l’endurcissement de leur coeur. 1 Cor 2 v 14 : Mais l’homme animal ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge.
Nous avons connaissance limitée voir erronée de Dieu. Et c’est précisement pour cela que nous avons besoin de la communauté. Dietrich Bonhoeffer nous le rappelle :
« Telle est la volonté́ de Dieu : nous sommes tenus de chercher et de trouver sa parole dans le témoignage du frère qu’il met près de nous, en écoutant une parole humaine. Le chrétien à donc absolument besoin des autres chrétiens ; ce sont eux qui peuvent vraiment et toujours à nouveau lui ôter ses incertitudes et ses découragements. En voulant s’aider lui-même, il ne fait que s’égarer d’avantage. Il lui faut la présence du frère dont Dieu se sert pour lui porter et lui annoncer sa parole de salut. Il en a besoin à cause de Jésus-Christ. Car le Christ que nous portons dans notre propre cœur est plus faible que celui qui nous apporte la parole ; L’un est sûr, l’autre ne l’est pas. Le but de toute communauté́ chrétienne apparaît ainsi clairement ; elle nous permet de nos rencontrer pour nous apporter mutuellement la bonne nouvelle du salut. »
20 Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole,
Jésus nous rappelle ici notre rôle de passerelles, de transmetteurs, et nous partage en même temps son cœur pour le monde.
C’est en coopérant avec lui, en étant ouvrier avec lui dans la moisson que nous pourrons jouer ce rôle, en développant ce même regard d’espoir et de foi.
Car nous voyons bien ici l’espoir et la vision de Jésus, il voit déjà ceux qui croiront en lui.
En effet, tout part de lui, passe par nous, arrive à ceux qui croiront en lui et retourne à lui dans la joie.
Est-ce que nous voyons notre entourage comme Jésus, comme ceux qui croiront en lui ?
Comme il prie pour nous, nous devons prier et nous engager pour ceux qui croiront en lui.
21 afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé.
Nous comprenons souvent ce verset : comme nous tous devons être un, nous chrétiens en eux (le Père et le Fils).
Mais Jésus nous parle également d’unité plus générale, d’unité en esprit avec ceux qui croiront en lui.
Comment dans notre communauté, nous préparer à cette tâche ?
Le rôle de nos rassemblements, au-delà de celui de la reconnaissance, et de la louange, est de nous permettre de partager le regard de Jésus sur monde.
Nous secourir les uns les autres pour rester unis dans cette mission
L’homme est à l’image de Dieu donc un être de relation, Dieu a trouvé́ cela naturel de lui créer un vis-à-vis.
La Bible en français courant va plus loin en indiquant même une notion de difficulté : Genèse 1 v 26. « Je vais le secourir en lui faisant une sorte de partenaire. » (ezer en hébreu : le secours)
Le secours vient de Dieu et il a prévu que ce soit par le frère où la sœur.
Nous avons besoin d’être secouru dans le sens où nous fonctionnons souvent avec une grande part d’inconscient qui nous dirige, un inconscient marqué par les conséquences de la chute : la peur, la honte, la culpabilité, le sentiment de rejet, la faiblesse, l’impuissance, la dépression et la colère. Il y a de quoi être secouru, n’est-ce pas ?
Ecclésiaste 4 v 9 et 10 nous le rappelle : Deux valent mieux qu’un car si l’un tombe l’autre le relève. Nous tombons tous au cours de notre vie.
Le secours nous vient du frère et de la sœur, à condition, qu’il se laisse lui-même secourir par Dieu. Il nous demande d’être des vis-à-vis pour nous édifier mutuellement, mais en même temps nous dit que le miroir est obscurci (1 Cor 13 v 12.)
En effet, le vis-à-vis, en Adam et Eve a été dévoyé à un moment, ce vis-à-vis, n’a pas été secours, mais chute.
Ainsi nous aussi nous pouvons nous entrainer parfois les uns et les autres dans la chute.
Tout est lié, dans un système, si une partie dysfontionne, l’ensemble dysfonctionne.
Nous avons ainsi le devoir de rester attaché à Jésus, chacun pour nous part, afin de rester porteur de bonne nouvelle, pour notre frère d’abord, afin qu’ensemble comme un seul homme, nous allions porter cette bonne nouvelle à ceux qui croiront en lui.
Jésus, lui-même en vis-à-vis avec Dieu est notre premier vis-à-vis. Il nous révèle notre vraie identité, nos zones aveugles et nos zones inconnues. Jésus nous dit tout ce que nous avons fait, mais il nous dit surtout, tout ce que nous sommes.
Fort de cette nouvelle identité en Christ, nous n’avons plus à utiliser la communauté pour combler nos besoins, mais nous y apportons la bonne nouvelle les uns aux autres, en vue de nous équiper pour la mission.
Michel Blanc nous rappelle : Et nous devons savoir que, créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, chacun de nous a pour sa part un rôle à jouer pour la construction de nos communautés.
2 Cor 3 v 18 Nous tous qui, le visage découvert, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l’Esprit.
Nous sommes reliés les uns aux autres par le Christ. C’est lui et seulement lui qui est à l’origine de nos interactions et c’est le Saint Esprit qui les rend fructueuses. Aucune organisation communautaire si bien pensée soit elle ne pourra remplacer ce lien divin. Restons connectés à Christ chacun pour notre part, et entrons dans ce cercle vertueux où tout part de lui, passe par chacun de nous, impacte nos relations collectives pour qu’ensemble nous lui rendions gloire comme un seul corps et que nous allions ensemble, remplir la mission pour laquelle il nous a consacré, apporter la Parole à ceux qui croiront en lui . Ainsi tout revient à Lui, lui qui est le premier et le dernier. ….